Sorti il y a plus de deux ans sur PC au Japon, les fans ayant retourné le soft un bon nombre de fois se demanderont alors si les nouveautés, s’il y en a, valent vraiment la peine de se replonger dans l’aventure. Première surprise, l’ancienne intro a été remplacée par une cinématique en images de synthèse. Bien loin des prouesses Square-Enixienne et plutôt digne d’une Psone, cette scène ne sert pas à grand-chose, si ce n’est à assassiner le design des protagonistes (et encore, vous pourrez préparer le sac à vomi avant de regarder celle qui suivra le boss final). Le scénario se met néanmoins en place via cette horreur : vous incarnez Adol Christin, dit Adol le Rouge. Votre réputation n’est plus à faire vu votre passé glorieux jonché de victoire (rappelons qu’Adol est le héros de la série), ce qui contribue à vous trouver facilement du travail en temps que mercenaire. Accompagné de votre ami Dogi, au physique d’armoire à glace, vous embarquez à bord d’un navire-pirate se rendant vers le grand Vortex, où devrait se trouver un précieux trésor. Bien entendu, la traversée ne se déroule pas comme prévu car, proche de votre destination, l’armée de Romun attaque votre bateau et vous tombez à la mer. Vous ne serez réveillé que plus tard par une inconnue aux longues oreilles sur une des deux îles situées au cœur du grand Vortex. Désormais seul, l’aventure peut commencer.
Lorsque les vieux réflexes refont surface…
Bien que ce sixième épisode adopte une parure 3D, l’ensemble reste fidèle à la série avec une vue de trois quarts, donnant l’impression d’être dans n’importe quel RPG 2D, éliminant donc d’office un quelconque problème de caméra. Basé avant tout sur les combats, le gameplay se compose d’une panoplie de mouvements aussi classiques qu’efficaces, qui incombent un martèlement sauvage du bouton carré. Armé de votre épée et de votre bouclier, vos choix d’attaques se composeront donc de petits combos ou de coups aériens qui varieront selon la durée que vous attendrez pour enclencher l’attaque après avoir effectué un saut : une pression directe donnera un enchaînement efficace contre les monstres volants, et un petit moment de latence vous permettra de retomber lourdement en pointant votre épée au sol à l’instar de Link. Très vite, on se fait à cette jouabilité nerveuse et on ne tarde pas à pourfendre les nombreux ennemis qui croiseront vos routes, d’ailleurs très nombreuses et qui font de Ys VI un jeu où la linéarité n’a pas toujours sa place. Les plus vieux devront donc reprendre la principale méthode que certains devront se charger de découvrir et d’apprendre : la bonne route est celle où les ennemis ne vous tuent pas en un coup ! Très traître dans son principe, prendre un chemin un peu trop tôt peut être monnaie courante. Seulement, la dernière sauvegarde peut être très loin derrière nous, et il n’y a rien de plus rageant que de se faire laminer en quelques coups par une pauvre plante verte alors que les dizaines de monstres qui ont croisé notre épée précédemment ont trépassé sans mal, et ce n’est malheureusement pas votre bouclier fraîchement acheté qui vous sauvera d’une mort certaine, vu l’absence pure et simple de touche de protection.
Seule solution : faire un Level Up intensif et abuser des points de sauvegarde qui ont le bonheur de vous rétablir rapidement. Bien entendu, vous pourrez améliorer votre équipement au fil de l’aventure via certains magasins et surtout en fouillant bien chaque donjon. Là non plus, les nouveautés ne nous sautent pas dessus : une demi-douzaine d’armures et boucliers vous attendent afin d’augmenter votre défense. Il faudra également être méthodique et résoudre une bonne partie des quêtes secondaires pour acquérir tous les accessoires aux effets bénéfiques divers qui vont de la protection contre le poison, à l’augmentation des points d’Xp reçus. Le nec le plus ultra restera le fait d’upgrader considérablement vos différentes armes grâce à de l’Emel, un métal considéré comme bien plus précieux que l’or, et renfermant une puissance mythique. Au nombre de trois, et représentant chacune un élément (Vent, Feu et Foudre), vos épées pourront donc augmenter de niveaux grâce à certains spécialistes qui vous délecteront soigneusement de l’Emel laissé sur le cadavre de vos ennemis. En plus de la montée en puissance de vos lames, vous acquerrez des coups supplémentaires à vos combos et surtout des magies dont la portée variera. De quoi se motiver à casser du monstre.
2 ans plus tard…
Considéré par les éternels détracteurs du genre comme constituant une durée de vie artificielle, l’obligation de s’entraîner pour faire face aux difficultés ennemies reste pourtant un des principaux points du RPG, et tend finalement à plaire aux amateurs, si le système de combat suit. Alors oui, le gameplay semble suivre, mais force est de constater que la montée en puissance se fait trop lentement. Si le gain d’Xp ne semble pas vraiment être pointé du doigt, celui de l’Emel en est autrement : notez donc qu’au départ, vous en récupérez une par une (prenez surtout en compte que tous les ennemis n’en laissent pas forcement) et heureusement bien plus par la suite avec certaines qui en vaudront deux cents. Seulement voilà, si vous voulez que chaque arme atteigne son dernier niveau et que vous souhaitez acquérir l’armure ultime, il ne vous faudra pas moins de 400 000 Emel ! Un boulot de longue haleine qui tendrait plutôt au découragement total. Heureusement, les développeurs, dans leur grande gratitude, ont offert un donjon inédit par rapport à la version PC : décliné en quatre stages débloquables au fur et à mesure de l’aventure, ils vous permettront d’acquérir des récompenses sous forme d’argent, d’Xp ou, justement, d’Emel. Une bien belle surprise garnie d’une musique entraînante, et qui vous permettra de rencontrer un nouveau personnage dont l’identité ne sera révélée que lorsque vous aurez tout terminé.
En parlant de personnages, sachez que l’endroit où vous évoluerez possède son lot de PNJ dont une bonne partie auront leur place dans le scénario principal. Chacun possède son caractère et beaucoup se démarquent du lot comme Osha, la jeune timide au design kawaï. Parlons-en d’ailleurs du design : les illustrations ont fait l’objet d’un travail très soigné et permettent d’oublier la pauvreté de la modélisation des personnages dans le jeu lui même. Si la version PC, sortie il y a deux ans, rappelons-le, offrait une finesse à toute épreuve que ce soit au niveau des décors ou des protagonistes, la version console en est toute autre. Dénaturés par un flou constant, les décors perdent forcement en textures et ce n’est pas le héros qui rattrapera quelque chose en ressemblant à une bouillie de pixels prouvant que le soft pourrait tourner sans mal sur une bonne vieille Dreamcast. Il aurait été judicieux de contrer un tel problème par certaines améliorations comme l’ajout d’une carte un peu plus détaillé que l’espèce de parchemin qui vous sera offert au cours du jeu, certains passages ayant quelques allures de labyrinthe, cela n’aurait pas été du luxe.
Un trip revival de qualité
Y’S VI est donc un jeu qui n’est pas à mettre entre toutes les mains. Les adorateurs du genre peuvent sauter dessus sans le moindre risque, ce nouveau cru offrant des sensations dignes, parfois proches d’un Secret of Mana (surtout lors de certains boss). Les fans de la série n’auront pas attendu ce test pour se le procurer, heureux de retrouver leur héros immortel, ainsi que certaines têtes connues des anciens opus. Un bon moment donc, qui durera au bas mot une petite quinzaine d’heures pour les plus rapides, et un peu moins du double pour ceux qui souhaitent terminer chacune des quêtes secondaires. Pas de mode supplémentaire (tant pis), ni de moyen de jouer l’histoire à deux (dommage), mais une aventure à vivre tout de même.